Travailler c’est trop dur

Avant de partir de France, nous avions contacté quelques endroits où il est possible de faire du wwoofing en famille (wwoofing = effectuer quelques heures de travail, souvent pour des personnes qui pratiquent l’agriculture biologique, en échange du gîte et du couvert). L’idée était à la fois de recontrer des personnes bien impliquées dans l’agriculture biologique et d’échanger avec elles, et de réduire un peu nos frais de voyage. Nous n’étions pas sûr non plus à ce moment là de trouver un camping car : c’était donc aussi une manière d’assurer un hébergement !
Plusieurs personnes nous ont répondu positivement, et, en fonction de leurs possibilités d’accueil et de notre parcours, c’est finalement chez Tim et Kerry, près de Blenheim que nous débarquons pour quatre jours.
Le temps est toujours très beau. Terry nous a prévenus par mail juste avant notre arrivée qu’il n’y aurait pas forcément beaucoup de choses à faire en raison des fortes températures dans la journée. C’est pas nous qui allons nous en plaindre…

La propriété est tout simplement magnifique. Tim a acheté il y a près de trente ans un terrain où il n’y avait que quelques arbres et une ancienne fabrique de beurre. Aujourd’hui, c’est une superbe propriété, avec quasi exclusivement des plantes et des arbres natifs de Nouvelle-Zélande (quasi, car Tim étant américain, il avait planté dans un premier temps des arbres qu’il connaissait ; le couple les remplacent petit à petit), plusieurs potagers, des fleurs un peu partout, des poules, des vaches, un bassin avec des poissons, un accès à une belle rivière… il y a aussi deux maisons : une qui est leur habitation, et l’autre qui comprend une partie pouvant être mise à disposition des wwoofers.
A notre arrivée, Kerry nous montre un bout de terrain ombragé que Tim a tondu spécialement pour que nous puissions y installer notre camping car. Pendant 4 jours, nous pouvons donc mettre ce dernier au repos, nos hôtes nous prêtant en plus une de leur voiture pour nos déplacements. En fin de journée, Julien arrache des « old man’s beard » (plante invasive ressemblant au lierre), du lierre et du sureau, pendant qu’Anne et les enfants retirent graines et feuilles mortent de plantes le long de l’allée. Salomé et Zacharie sont très fiers de pousser la brouette et de « jardiner ». Salomé se montre particulièrement volontaire, et le retour en urgence au camping car pour mettre de l’anti moustique, avec des boutons plein les jambes, ne la décourage nullement. En bruit de fond, nous entendons les abeilles qui ventilent (il y a des ruches sur le terrain), et les chants des gros criquets que nous entendons un peu partout ici.
Tim et Kerry font partie des premières personnes en Nouvelle-Zélande a avoir accueilli des wwoofers. Ils souhaitent avant tout partager leur passion de la permaculture et leurs connaissances acquises au fil du temps. Ils se rappellent de la majorité des personnes qui sont passées chez eux, et expliquent les réalisations de leur propriétés en même temps qu’ils parlent de ceux qui les ont aidés : tel Japonais, qui est revenu plusieurs fois, a construit cette allée avec nous, telle Canadienne a décoré ce passage en réalisant cette mosaïque… L’endroit doit donc son charme à la fois à leur immense investissement, et à celui des nombreuses personnes venant des quatre coins du monde, qui ont donné de leurs temps pour développer le lieu. Tim tient les registres : il organise le jardin avec soin, et tout est réfléchi et remis en question chaque printemps. Les cultures sont échangés à ce moment là, pour ne pas appauvrir la terre. Il lui faut donc tous les ans retrouver l’endroit qui va apporter l’eau suffisante à ces légumes, donner de l’ombre ou du soleil à ces autres là. Il laisse aussi systématiquement monter en graines quelques unes des ses productions, et les graines sont récoltés et rangées dans la remise, avec noms et dates de récolte, les jours de pluie.

Pendant les autres jours, nous avons travaillé tour à tour à arracher les mauvaises herbes, puis les chardons montés, à retourner le compost, creuser un bassin de drainage des eaux de pluie… tout en profitant de la plage de Rarangi située à quelques kilomètres ou encore du marché de producteurs à Blenheim. Les enfants quand à eux ont adorés nous aider, ramasser les œufs tout chauds, aller voir les trois vaches naines écossaises et s’amuser comme des fous avec les balançoires en chambre à air de voiture. Kerry les avait installées car elles permettent aux enfants très jeunes de se balancer sur le ventre, avant qu’ils soient capable de se balancer assis : pas besoin de l’aide d’un adulte pour s’amuser, c’est parfait !

Chaque soir, nous dînions avec Tim et Kerry, ainsi qu’avec Simon et Jane, un couple de leurs amis de passage chez eux. C’était l’occasion de déguster les légumes du jardin, de manger de la viande de bœuf élevé sur leur propriété (encore une fois, le barbecue ici, c’est tout un art de vivre !) et d’échanger sur le quotidien, les différences culturelles ou les récits de voyages. Nous avons entre autre appris par Kerry, ancienne institutrice, qu’ici les enfants entrent à l’école le jour de leurs 5 ans, ce qui permet d’avoir une rentrée échelonnée tout au long de l’année et donc d’intégrer les enfants un par un. Les plus âgés participent activement à cette intégration, ce qui les responsabilise. Nous avons beaucoup aimé l’idée.
Après quatre jours à poser toutes les questions auxquelles nous pouvions penser, sur la création, l’organisation et l’entretien d’un jardin comme le leur, nous avons repris la route en direction de Wellington. Salomé et Zacharie étaient un peu tristes de quitter leur « Papi Tim et Mamie Kerry », mais ces derniers leur avaient fait un beau cadeau : un cocon tout vert, accroché à une petite branche. Nous avons un nouveau compagnon de voyage dans notre camping car !

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