On a laissé les Catlins enchantées pour entamer notre remontée vers le Nord, à travers lacs grandioses, montagnes remarquables (les Remarkables = chaine de montagnes vers Queenstown), et forêt. On a fait le choix de partir en direction de Wanaka, et de ne pas nous rendre dans le Fjordland (région au sud ouest, qui, comme son nom l’indique aussi, est pleine de fjords), parce que malheureusement, trois mois, c’est loin d’être suffisant pour découvrir tout le pays.
Le 11 janvier, on faisait donc trempette dans le lac Wakatipu, dont l’eau serait pure à 99,9% ce qui le classerait 2ème lac avec l’eau la plus pure au monde. On n’a pas cherché à vérifier l’information, ni regardé lequel avait la première place, mais si l’un d’entre vous a la réponse, n’hésitez pas à nous en faire part en commentaire 🙂 La température de l’eau (dans les 10° toute l’année) n’a pas découragé Julien de s’y baigner entièrement… le reste de la famille en est resté au niveau des pieds.
On a décidé également de laisser de côté la très touristique et sportive ville de Queenstown (on se sent bien touriste, mais toujours pas très sportif, et encore moins pour faire les sports extrêmes qui font la réputation de l’endroit !), pour passer la nuit près du lac Hayes. Beaucoup de campeurs dans le free camp, mais aussi beaucoup de familles kiwis en vacances, dont une petite fille bien sympa qui a prêté sa baleine gonflable à Salomé et Zacharie.
Le lendemain, nous nous sommes rendus à Arrowtown, avec pour objectifs de trouver des RUC et de découvrir cette ville qui a été créée tout de suite après la découverte d’or dans la rivière, en 1862. Cette découverte a notamment attiré beaucoup d’immigrés chinois, qui étaient parmi les premiers à arriver en Nouvelle-Zélande. Leur campement historique existe toujours, et se visite librement. Les immigrés Chinois ont subi une politique discriminatoire jusqu’en 1951, avec interdiction de bénéficier du droit de naturalisation.
Mais que sont exactement les « RUC », et pourquoi nous étions nous mis à en chercher ? IL y a plusieurs taxes sur les véhicules ici. Tout d’abord, pour qu’un véhicule puisse utiliser les infrastructures routières, il doit être immatriculé (liscencing). En général c’est une seule fois dans la vie du véhicule. On a eu la chance d’acheter un véhicule d’occasion et donc d’y échapper. Ensuite, il y a la REGO, c’est à dire le droit d’utiliser les infrastructures publiques (routes, parkings…) et là, c’est pour une durée déterminée. On achète généralement 1 an et il faut renouveler. Encore une fois, on a la chance que la REGO courante se termine après notre départ (et donc, on espère, la revente). Le contrôle technique (WOF ou COF) se fait tous les 6 mois sur un vieux véhicule, et si tout se passe bien, on devrait y couper aussi. S’ajoute enfin les Road User Charges (ca y est, on en vient enfin aux « RUC ») pour tous les vhicules diesels, et là c’est au kilomètre : on achète des paquets de 1000km et il faut toujours en avoir d’avance sans quoi on encoure d’une ammende. On en a acheté 3000km au début du voyage, et après les Catlins, on savait qu’il fallait en racheter dans les 500km. Pour cela il suffit d’aller dans n’importe quelle poste, ce qu’on pensait être relativment facile.
Mais à Arrowtown, la poste était fermée. Pas de regret, ce n’était au final même pas une vraie poste, juste un relais postal. Donc, même ouvert, pas de RUC.
On a donc profité de la visite de la ville pour bénéficier d’un « cours de chercheur d’or ». Salomé et Zacharie ont surtout apprécié d’avoir les mains dans l’eau car il faisait particulièrement chaud. Et On repart avec au moins trois paillettes d’or dans un petit flacon souvenir : c’est le début de la richesse !
On a poursuivi ensuite notre route sous le soleil, parmi vignes et vergers, en passant par la ville de Cromwell. Cette dernière s’est elle aussi développée après la découverte de l’or dans la région. En 1992, la construction d’un barrage a complètement transformé la ville, et fait déplacer le centre ville historique, qui a conservé les édifices de l’époque de la ruée vers l’or et permet un petit voyage dans le temps. Mais à part grimper sur le cheval en bois, les enfants n’étaient pas particulièrement intéressés par l’imprimerie, les vieux téléphones ou les outils d’un médecin du début du 20ème siècle… A Cromwell il y avait également une Poste, mais, comme on est arrivé en fin d’après midi, on s’est dit qu’on en trouverait un peu plus loin. Il nous restait 250km avant d’être en infraction, ca laissait encore un peu de marge.
Le lendemain, c’est dimanche, et on a décidé de faire quelque chose d’un peu plus fun pour les petits et d’assouvir la passion de Salomé pour les puzzles en nous rendant à Puzzling Word, près de Wanaka. Au final, il n’y avait pas beaucoup de puzzles sur place, mais un café avec beaucoup de casse-tête à résoudre et jeux à disposition (= quelques minutes de tranquillité bien appréciable pour les parents) et un parcours plutôt bien fait autour d’illusions d’optiques et d’hollogrammes. Le clou de la visite revenait à la « chambre des illusions », deux pièces avec sol et murs inclinés, qui, en jouant sur notre équilibre, distordaient nos perceptions.
Entre Wanaka et Haast, on a fait route au milieu d’espaces quasi inhabités. Pas de réception de téléphone, pas de station service, des kilomètres au milieu de la forêt, et, beaucoup, beaucoup, beaucoup de sandflies partout. Ces toutes petites mouches piquent et laissent des boutons qui démangent plusieurs jours après, un vrai bonheur. Elles ont bien gachées notre balade aux Blue Pools, rivière et bassin où l’eau est d’une couleur bleue impressionnante, avec des ponts suspendus pour s’y rendre. Après une douzaine de piqûres en moins d’une minute, on est très vite rerourné au camping car (et, pour ne pas tout mettre non plus sur le compte des sandflies, on avait aussi oublié de prendre une couche de rechange pour Zacharie…).
Arrivés à Haast en fin de journée, on a mis un peu de temps à réaliser qu’à peine entrés dans la ville, on en sortait déjà : 1 motel, une pompe à essence, un backpacker, 2 restaurants, un héliport pour visiter les fjords, et deux campings. On a priorisé celui qui avait les jeux pour enfants. Et comme vous pouvez l’imaginer, il n’y avait pas de poste non plus.
Le lendemain, direction Fox Glacier et le lac Matheson. Toujours pas de réseau, toujours pas de station essence, et bien évidement, toujours pas de RUC sur les 90km. Ça y est, on est hors la loi. Sur le chemin on s’est arrêté regarder 3 dauphins qui jouaient dans les vagues au bout d’une ballade sur la plage, on a visité une ferme de saumons (la première trace de civiliation), et Anne nous a fait une migraine ophtalmique, c’est pourquoi vous ne la verrez pas sur les photos du Lac. Ce dernier, lorsqu’il n’y a pas de vent, reflête parfaitement la chaine de maontagne qui l’entoure. C’est devenue une des images d’épinal de la Nouvelle Zélande.
Le soir des Kea, les énormes perroquets endémiques de cette région, sont vennus nous souhaiter une bonne nuit en marchant sur le camping car. Car on ne vous l’a pas dit, mais la région des glaciers ici est au coeur d’une forêt tropicale : il pleut 16 mètres par an !
Au réveil, on en était sûr, La ville de Franz Joseph serait celle où on trouverait enfin nos RUC. On a décollé en direction du plus gros glacier du pays, et accessoirement de la plus grosse ville de la région, pour… ne pas trouver de poste, simplement un relais dans un hôtel ! La bonne nouvelle c’était qu’on avait quand même du réseau de temps en temps, ce qui nous a permis de répondre aux questions sur le camping car. On l’avait mis en vente sur le site « trade me » (équivalent du « bon coin ») une semaine auparavant et on commencait à avoir des messages. On a marché jusqu’au glacier, sur lequel Anne avait marché il y a 10 ans, et qui a bien reculé depuis (d’après les panneaux 2 à 3 km en 10 ans) Aujourd’hui il n’est d’aileurs plus accessible à pied, pour avoir le plaisir de se balader dessus, il faut y aller en hélicoptère !. Nous nous sommes contenté de le regarder de loin entre deux averses.
Direction ensuite Hokitika. D’après Internet qu’on avait brièvement retrouvé, aucun doute, il y avait une poste, là bas. Après plusieurs heures de route sous la pluie, on s’est arrêté pour passer la nuit à Ross, sur le parking d’un pub situé dans un batiment historique. Il y avait un petit air de far west et on a succombé au fish’n chips à 27$ pour nous 4 avec bière et salade. Le repas au restaurant le moins cher du voyage !
Arrivé le lendemain à Hotikita, tout semblait nous sourire (sauf le temps : il continuait à pleuvoir des cordes). On est entré dans la poste (une vrai poste, bien ouverte), et, alors que Julien remplissait le formulaire, la guichetière l’a interpelé pour lui dire qu’il y avait une panne nationale du système : impossible d’acheter des RUC aujourd’hui. Et, forcément, aucune idée de quand ce serait réparé… Finalement, le lendemain, à Greymouth, on a enfin pu acheter les fameux RUC. On avait dépassé de 300km, mais c’était pas faute d’avoir essayé !
Nous avons donc pu nous rendre ensuite serein et en régle avec la loi, jusqu’aux « pancakes rocks », une formation sédimentaire qui est ressortie à l’air libre suite aux actions techtoniques et est depuis érodée par le vent, la pluie et la mer. Très beaux, mais moins digestes que les crêpes bretonnes…
Notre dernière étape dans le Westland, après une soirée enfermés dans le camping car à cause des sandflies (même s’il ne pleut plus !), est à Westport. On a fait une ballade autour d’une lagune, très sympa mais dont on ne vous aurait pas forcément parlé s’il n’y avait pas eu un cycliste qui nous a dépassés sur son vélo en nous insultant copieusement « get out of the way fuckers » etc. Les enfants voulaient savoir ce qu’il avait dit, nous n’avons pas traduit et avons continué notre chemin…. et l’avons retrouvé, quelques dizaines de mètres plus loin, tombé dans le talus, le nez en sang, incapable de remonter son vélo, ses canettes de bières -qui semblaient être bien précieuses vu l’empressement qu’il mettait pour les rassembler- et son propre corps. A pas grand chose près il se retrouvait à la baille, et, vu son taux d’alcoolémie, il n’est pas certain qu’il ait été en mesure de remonter. Bref on l’a aidé comme on a pu, en tentant de rassurer aussi un Zacharie bien impressionné par le personnage.

Après toutes ces péripéties, nous avons retrouvé mer, chaleur et soleil à Abel Tasman. Mais on ne vous en dit pas plus aujourd’hui !






























